Quarta traccia

FOR
tenor saxophone in C (historical instrument by Adolphe Sax) or tenor saxophone in B flat
DURATION
11' 53''
COMMISSION
Carl-Emmanuel Fisbach
FIRST PERFORMANCE
11.5.25, Ville-d'Avray, Concerts au Château de Ville d'Avray, Carl-Emmanuel Fisbach
PUBLISHER
CATALOGUE NUMBER
142923
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Introduction

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Quarta traccia pour saxophone ténor en ut de Stefano Gervasoni joue sur un paradoxe temporel : une écriture résolument contemporaine pour un instrument qui, bien qu’ayant vu le jour au XIXe siècle avec une vocation moderniste et novatrice, apparaît aujourd’hui comme un vestige du passé. L’utilisation d’un saxophone ténor original d’Adolphe Sax renverse la relation habituelle entre avant-garde et tradition, transformant l’instrument lui-même en un champ de tension entre différentes époques.
En exploitant cette ambiguïté temporelle, Gervasoni met en valeur les irrégularités timbriques et les fragilités acoustiques de l’instrument ancien, en les érigeant en éléments expressifs centraux. Son écriture s’appuie sur la rugosité et les frictions sonores qui émergent de la moindre souplesse de ce modèle historique par rapport aux instruments modernes : sons étouffés, multiphoniques instables, micro-variations dynamiques et résonances imprévisibles ne sont pas considérés comme des limites, mais comme de nouvelles possibilités expressives. Il en résulte une œuvre où le son oscille entre passé et futur, entre la mémoire de la matière sonore et sa réinvention dans un langage qui la pousse au-delà de toute connotation historique. Ici, la résistance physique de l’instrument devient une force expressive, transformant sa lutte avec l’écriture en une tension sonore intense et vibrante.
Ainsi, Gervasoni renverse la logique de la redécouverte philologique : ce n’est pas la musique qui s’adapte à l’historicité de l’instrument, mais l’instrument lui-même qui est projeté dans un paysage sonore inédit, révélant une modernité latente que le temps n’a jamais totalement effacée.
S.G. 30.3.25
 
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