Fu verso o forse fu inverno è un omaggio alla poesia di Lorenzo Calogero (1910-1961), poeta italiano purtroppo ignoto ai più, a cui mi sono avvicinato grazie a Giuseppe Caccavale, artista, e a Marina Valensise, direttore dell’Istituto Italiano di Cultura di Parigi.
Affascina a una prima lettura la bellezza e la musica(bi)lità de suoi versi, quasi anestetizzanti la sofferenza dello sguardo profondamente introspettivo con il quale Calogero analizza attentamente emozioni, sentimenti e percezioni e cerca scrupolosamente le parole e le corrispondenze di suono per trasfigurarle. E’ dunque una poesia intimista, ma che non si richiude su se stessa in auscultazioni compiaciute e solipsistiche. Nelle sue costruzioni sonore, Calogero crea labirinti che portano a liberare e a trascendere il dolore di una condizione personale attraverso la quale egli esprime la sua viva conoscenza delle cose, e non a imprigionarle in un universo autistico e autoreferenziale. Visioni fantastiche eppure plausibili, associazioni improbabili, parole che in virtù della loro collocazione reciproca e della loro posizione nel verso, corrispondente o meno al suo ritmo naturale, sembrano suonare diversamente o significare diversamente, pur essendo da sempre scolpite nella familiarità del senso comune apparente.
Nella sua realizzazione, questo ciclo vocale - forse destinato ad avere un prolungamento - si presenta in una maniera del tutto convenzionale: una serie di liriche accompagnate dal pianoforte e “straniate” dall’elettronica che, diffusa sia all’interno del pianoforte stesso tramite degli eccitatori posti sulla tavola armonica, sia nello spazio della sala da concerto in maniera trasparente o spazializzata, si occupa proprio di trasfigurare la scrittura musicale e l’espressione poetica che essa contiene, in piena adesione al testo calogeriano. Così agendo proprio come la poesia di Calogero, compiendo un percorso che va dall’intimità delle emozioni sentitamente descritte alla loro sublimazione in metafore di pensiero.
Per questo motivo il primo “lied” comincia in maniera del tutto rovesciata rispetto a quanto ci si possa aspettare: il pianista lancia alcune schegge di suono, le lascia passivamente risuonare; all’interno prendono corpo le prime voci della poesia, non cantate ma diffuse nel pianoforte dall’elettronica, con le quali la voce dal vivo della cantante si confronta, come in uno specchio. Si scruta, comincia a intessere un dialogo, quasi a interrogare se stessa; si “stacca” dalle immagini che essa stessa descriveva quasi fondendovisi (è il caso di alcuni rumori naturali di pioggia che si ascoltano in maniera iperrealista, mimetizzati alle risonanza del pianoforte e della voce nel pianoforte). Nel lied seguente la voce e il pianoforte si fanno strumenti attivi della poesia, ne portano sempre più l’espressione a emergere, fino al terzo lied nel quale la voce cantata diventa finalmente protagonista, quasi esibendosi virtuosisticamente, ma in uno stile recitativo portato all'estremo. Nei tre lied seguenti assistiamo al percorso inverso: benché trovato il tono, assunto il ruolo di voce dell’espressione poetica, sublimato il rapporto con le cose dapprima sentite introspettivamente, il canto e il suo alter ego pianistico ripiegano in una sorta di visione malinconica: il mondo, anche se cosmicamente trasferito al mondo delle idee, conserva il suo mistero inafferrabile che il poeta credeva invece di potere cogliere in un rapporto intimamente percettivo con le cose. L’elettronica torna a farsi “naturale”: l’interno del corpo risonatore del pianoforte nel quale si proietta la voce e il corpo acustico della sala fanno un tutt’uno. E persino l’esterno si fonde con l’interno. I rumori e le parole del muro del
Viale dei Canti (l'opera Di Giuseppe Caccavale sita nel viale d'accesso all'Istituto Italiano di Cultura di Parigi, alla cui realizzazione ho partecipato per la parte sonora) con il coro errante dei suoi poeti, tutti all’inseguimento del senso sfuggente delle cose, entrano nella sala fondendosi con l’elettronica e accompagnano le ultime note del canto di Lorenzo Calogero in una sorta di omaggio collettivo.
S.G.
8.5.16
Fu verso o forse fu inverno est un hommage à la poésie de Lorenzo Calogero (1910-1961), un poète italien malheureusement trop peu connu que j’ai découvert grâce à Giuseppe Caccavale, artiste, et à Marina Valensise, directrice de l’Institut Culturel Italien de Paris.
On est fasciné dès la première lecture par la beauté et la musica(bi)lité de ses vers, qui anesthésient presque la souffrance du regard profondément introspectif avec lequel Calogero analyse attentivement les émotions, les sentiments et les perceptions, tout en cherchant scrupuleusement les mots et les correspondances de son pour transfigurer ceux-ci. Il s’agit donc d’une poésie intimiste, mais qui ne se renferme pas sur elle-même pour se livrer à des introspections complaisantes et solipsistes. Dans ses constructions sonores, Lorenzo Calogero crée des labyrinthes qui l’amènent non pas à emprisonner dans un univers autiste et egocentrique la douleur d’une condition personnelle à travers laquelle il exprime sa vive connaissance des choses, mais à la libérer et à la transcender. Ce sont des visions fantastiques et pourtant plausibles, des associations improbables, des mots qui semblent résonner ou signifier différemment en vertu de leur place réciproque et de leur position dans le vers, correspondant ou pas au rythme naturel, tout en étant depuis toujours sculptés dans la familiarité du sens commun apparent.
Dans sa réalisation, ce cycle vocal (peut-être destiné à recevoir un prolongement) se présente d’une manière absolument conventionnelle – une série de chants accompagnés au piano et comme « rendus lointains » par l’électronique diffusée aussi bien à l’intérieur de l’instrument, grâce à des excitateurs disposés sur la table d’harmonie, que dans l’espace de la salle de concert, de manière transparente ou spatialisée – et s’occupe de transfigurer l’écriture musicale et l’expression poétique qu’elle contient, dans le plein respect du texte du poète. En agissant exactement comme la poésie de Lorenzo Calogero et en suivant un parcours qui va de l’intimité des émotions décrites de manière sensible à leur sublimation en métaphores de pensée.
Pour cette raison, le premier « lied » commence de manière totalement inversée par rapport à ce que l’on attendrait : le pianiste lance quelques éclats de son, qu’il laisse résonner passivement ; les premières voix de la poésie prennent corps à l’intérieur, non pas chantées, mais diffusées dans le piano par l’électronique, avec lesquelles la voix en direct de la cantatrice se confronte comme dans un miroir. Elle se scrute, elle commence à tisser un dialogue, comme si elle s’interrogeait elle-même ; elle se « détache » des images qu’elle-même décrivait comme si elle se fondait en elles (c’est le cas de certains bruits naturels de pluie que l’on écoute de manière hyperréaliste, comme s’ils étaient camouflés dans les résonnances du piano et de la voix dans le piano). Dans le lied suivant, la voix et le piano deviennent des instruments actifs de la poésie, ils amènent son expression à s’affirmer progressivement, jusqu’au troisième lied dans lequel la voix chantée devient enfin protagoniste, comme si elle se produisait de manière virtuose, mais dans un style récitatif porté à l’extrême. Nous assistons au parcours inverse dans les trois lieder suivants : bien qu’ils aient trouvé le ton, qu’ils soient devenus la voix de l’expression poétique et qu’ils aient sublimé leur rapport avec les choses senties auparavant de manière introspective, le chant et son alter ego pianistique se replient sur une sorte de vision mélancolique : même s’il est transféré du cosmos au monde des idées, le monde conserve le mystère insaisissable que le poète croyait pouvoir appréhender dans un rapport intimement perceptif avec les choses. L’électronique redevient « naturelle » : l’intérieur du corps résonateur du piano dans lequel se projette la voix et le corps acoustique de la salle ne font qu’un. Même l’extérieur se fond avec l’intérieur. Les bruits et les mots du mur du
Viale dei Canti, avec le chœur errant de ses poètes, tous à la poursuite du sens fuyant des choses, entrent dans la salle en se fondant avec l’électronique et accompagnent les dernières notes du chant de Lorenzo Calogero dans une sorte d’hommage collectif.
S.G.
8.5.16
(translated by Jérôme Nicolas)